Le Canada est-il une nation chrétienne? – Partie un

Récemment, j’ai reçu un courriel intéressant d’un lecteur réfléchi de *Réorienter une nation*, que j’ai trouvé digne d’être partagé. Voici ce qu’il a écrit :

J’ai récemment acheté [votre] livre, et je suis en train de le lire. Merci de l’avoir gardé en dessous de 200 pages — pour ceux dont le temps est précieux.

Je me dois cependant de contester une affirmation à la page xii de l’introduction : « La vérité, c’est que nous n’avons jamais été une nation chrétienne… »

C’est un mensonge du diable. Nos documents fondateurs le démontrent clairement : la Magna Carta, le serment de couronnement, et la Déclaration des droits.

Selon le dernier signataire vivant de la Charte canadienne des droits et libertés, l’ancien premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Brian Peckford, le FAIT que le Canada ait été établi en tant que nation chrétienne était clair pour tous les signataires de ce document.

Le fait que nous soyons, tout comme les États-Unis, fondés et établis en tant que nations chrétiennes ne signifie pas que chaque citoyen DOIT être chrétien, mais bien que nos droits, libertés et responsabilités fondamentales sont enracinés dans les principes bibliques. Les lois de Dieu sont justes et équitables, et enlever cet héritage à nos enfants a toujours été le désir des païens athées, adorateurs d’eux-mêmes, et des communistes.

Nous devons cesser de croire aux mensonges que nous vend le socialisme fabien à travers nos centres d’endoctrinement public (c’est-à-dire les écoles publiques), et corriger cette désinformation si nous espérons un jour vivre à nouveau dans une société juste et raisonnable.

– Un lecteur (nom non divulgué pour protéger sa vie privée)

La compréhension et la perspective de ce lecteur sont compréhensibles — et loin d’être rares. J’ai entendu cet argument, et d’autres semblables, à de nombreuses reprises, et il contient une part de vérité. Cependant, il repose aussi sur une erreur importante, car il ne fait pas la distinction entre l’histoire et la légalité.

Sur le plan historique, il est vrai que le Canada a été une nation « chrétienne ». Un recensement de 1861 indiquait que 97 % des Canadiens se considéraient comme chrétiens. Il est également vrai que cette foi chrétienne largement répandue se reflétait dans certains de nos documents fondateurs.

Mais voici le problème : trop de chrétiens croient que ce fait historique leur confère une sorte de *droit* de dire que le pays a une obligation légale ou constitutionnelle de revenir à ces racines. C’est tout simplement faux — et cela encourage une approche militante visant à « reprendre » ce que certains chrétiens croient à tort leur avoir été enlevé.

Alors, quelle est la bonne réponse à la question : *Le Canada est-il une nation chrétienne ?* Voici ce que j’ai répondu au lecteur qui m’a écrit :

Merci d’avoir acheté le livre et d’avoir pris le temps de m’envoyer vos commentaires. Je comprends très bien le point que vous soulevez et je suis tout à fait d’accord pour dire que le Canada a été fondé sur des principes chrétiens, et que plusieurs de nos documents fondateurs en témoignent. Bon nombre des Pères de la Confédération étaient chrétiens, et l’écrasante majorité des Canadiens s’identifiaient comme tels. Il s’agit là d’un élément important de notre patrimoine, qui mérite d’être reconnu et préservé.

Cela dit, la distinction que je fais dans le livre est la suivante : bien que les influences chrétiennes aient été indéniablement fortes dans la fondation et les débuts du Canada, et que certains de nos documents nationaux fassent référence à la souveraineté de Dieu, cela ne signifie pas pour autant que le Canada ait été officiellement fondé comme une nation chrétienne, c’est-à-dire avec le christianisme comme religion d’État.

Cette distinction peut sembler subtile, mais elle est essentielle. L’influence qu’a eue le christianisme lors de la fondation du Canada ne résulte pas d’une imposition de la foi chrétienne aux citoyens, mais plutôt d’une large adhésion populaire au christianisme et à la reconnaissance de la souveraineté de Dieu, tant chez les citoyens que chez les dirigeants. En d’autres mots, c’est parce que la majorité croyait en Dieu et s’identifiait comme chrétienne que la constitution, les lois, le système judiciaire et les normes sociales reflétaient cette réalité. Ce n’est pas l’inverse.

C’est là le cœur même du message de mon livre, *Réorienter une nation*. Le Canada ne démontrait pas des valeurs chrétiennes parce que ses lois et ses dirigeants les imposaient, mais plutôt parce que les lois reflétaient des valeurs déjà présentes dans la société. Aujourd’hui, ces valeurs ne sont plus partagées par la majorité des Canadiens, et en conséquence, nos lois et normes sociales changent pour s’aligner sur les nouvelles croyances des gens.

Il est donc erroné de croire, comme certains chrétiens le font, que le fait que des valeurs chrétiennes aient été présentes dans les documents fondateurs et les paroles des premiers dirigeants crée aujourd’hui une obligation juridique ou constitutionnelle pour le pays de revenir à ces valeurs. Ce n’est pas le cas. Ces documents reflétaient simplement les croyances de leur époque, et notre responsabilité aujourd’hui est de ramener la nation vers ces croyances. Ce n’est qu’en y parvenant que nos lois et nos normes sociales recommenceront à refléter les valeurs chrétiennes.

En réalité, même s’il existait une quelconque obligation légale ou constitutionnelle pour la société canadienne de maintenir des lois fondées sur les valeurs chrétiennes, cela ne suffirait pas à sauver notre nation. Même dans ce scénario, les lois pourraient être modifiées, et la constitution, amendée. Il n’existe ni « levier » ni « marteau » que les chrétiens pourraient utiliser pour forcer la nation à revenir à son héritage chrétien. Ce retour ne pourra se produire que lorsque les individus, de leur plein gré, se tourneront à nouveau vers Dieu. C’est par un changement organique et progressif que notre nation pourra être réorientée, et non par un changement radical et imposé d’en haut.

Je crois que ce besoin de transformation par la base n’est pas seulement une réalité pour le Canada, mais qu’il s’agit aussi du modèle biblique pour les changements sociétaux. J’aborde cette question plus en détail dans mon livre, et je serais heureux de poursuivre la discussion avec vous si vous avez d’autres questions ou préoccupations après l’avoir terminé.

Bravo au lecteur d’avoir pris l’initiative de s’exprimer et de faire part de ses préoccupations. C’est exactement le genre de dialogue ouvert et honnête que les chrétiens doivent avoir au sujet de l’état de notre nation et du rôle que nous avons à jouer pour la réorienter.


Si vous avez des commentaires ou des questions concernant le livre, n’hésitez pas à m’écrire à l’adresse suivante : contact@fr.toshiftanation.ca ou à utiliser le formulaire de contact sur le site Web www.fr.toshiftanation.ca.
Je me ferai un plaisir de vous répondre.